Le bokeh, quand le flou devient un art…
D’origine japonaise (boke, ぼけ) le bokeh ne signifie rien d’autre que la notion de flou, le vague. En matière de photo, il s’agit de la qualité esthétique des zones non nettes. Rien que ça… Une photo floue (non, je ne parlerai pas de David Hamilton, vous pouvez rester) qui soit une belle réussite…
Il nous faut donc nous intéresser à ce qui ne serait pas net dans une photo. Parce que c’est ce qui va mettre en évidence votre composition, et transformer un visage plat en un portrait unique ou quelques branches d’arbre en une structure abstraite qui capture l’attention.
Définition et placement du décor
Le bokeh n’est pas la même chose que l’absence de netteté. Il y a dans le bokeh une dimension esthétique, créative que le mot « flou » ne recouvre pas.
En effet, si la netteté est ce qui se passe à l’endroit où la mise au point est faite (en fait à l’intérieur de la zone couverte par la profondeur de champ) par votre autofocus ou votre œil, en mode manuel, le bokeh est ce qui se passe en dehors de la PDC, devant, et derrière.
Le bokeh est en fait la qualité, l’apparence, la sensation donnée par ces dégradés de netteté dans la photo, plus ou moins importantes. La progressivité, l’intensité: Est-ce vaguement flou, permettant de reconnaître les structures, les composants ou bien est-ce tout à fait illisible, procurant de grands à-plat gris ou de couleurs mélangées ?
Ce n’est donc pas l’intensité du flou, ou la mesure de cette zone par rapport à la zone de netteté. C’est en fait le caractère, l’identité des avant-plans ou des arrière-plans non nets. Dans lla photo suivante, la photographie d’un skate board en hiver, j’ai utilisé un objectif 18-55mm à 55mm, f/9 et le flou d’arrière plan est très léger. Soit un bokeh quasiment imperceptible… Intéressé par un conseil pour améliorer cela rapidement 😉
Qualité du bokeh, comment l’utiliser dans une photographie?
La qualité de cet élément dépend en grande partie de vos objectifs, mais pas seulement… La forme des lames du diaphragme, leurs nombres vont influencer le coté soyeux, doux du bokeh.
Dans mon article sur la profondeur de champ, j’exposais que la PDC d’une optique impactait le bokeh.
Il y a aussi la taille du capteur,
L’ouverture, ou le diaphragme,
La longueur focale de l’optique : les grands télé écrasent la perspective dans une photographie,
Le rapport de grossissement du capteur,
La distance par rapport au sujet.
Voir aussi l’article très complet de Frederic sur tous ces paramètres techniques sur son blog « photographie-sportive« .
Un objectif à recommander pour travailler le bokeh ?
Il vaut mieux utiliser des optiques fixes et lumineuses (petit nombre f/ comme 85mm f/1.8 ou 50mm f/1.4), au lieu de zooms à l’ouverture moyenne (f/4.5, f/5.6).
Grand angle, optique standard (50mm) ou petit télé de 85 à 100 ou 135mm ?
Tout est bon entre 50mm et 150-200mm.
Au-delà de 200 les flous seront très (trop ?) intenses et risquent de nuire à un effet de bokeh réussi. Malgré tout on peut réussir une belle photo avec un arrière plan bien flouté, comme l’autruche ci-dessus, prise à 250mm, f/9.
En dessous de 50mm, les grand-angles ne seront pas facilement exploitables. Pourquoi?
1. On s’éloigne du sujet, ce qui à une incidence sur la profondeur de la zone de flou.
2. On obtient des arrière-plans très importants, ce qui est difficile à « flouter », à moins d’avoir une taille de capteur plus grande, comme un boitier moyen format par exemple, ou grâce à un objectif qui ouvre très grand… et qui sera donc très cher.
3. Comme le flou augmente en fonction du taux de grossissement, un objectif grand angle n’est évidemment pas le mieux positionné ici, à moins de se coller au sujet, et de risquer des effets de déformations parfois à la limite du ridicule, gros nez…
Mon choix et le résultat
J’aime beaucoup le 50mm f/1.8 qui offre un rendu mielleux, doux qui me plaît beaucoup que ce soit pour une photo de mes enfants, ou en photographie de paysage. De plus, c’est un objectif pour le portrait à un prix tout à fait abordable, entre 80 et 100€ ! Une bonne idée de cadeau pour la fête des pères ou les fêtes. En occasion, sur ebay, il y a moyen d’en trouver facilement aussi.
Dans la photo suivante, le portrait de mon fils Martin au 50mm f/1.8 à l’ouverture f/2.2
N’hésitez pas à jouer avec vos optiques, aux très grandes ouvertures.
Vous découvrirez quand vous pourrez travailler « grand ouvert » et quelles sont les conséquences sur la taille de la zone de netteté, la profondeur de champ, et surtout la qualité du bokeh.
Challengez votre oeil aussi! Que voyez-vous devant et derrière le sujet principal, que voulez vous changer à l’ordre des choses? Je cligne souvent des yeux, me forçant à voir les choses avec moins de lumière, en « pensant » au fait de voir.
Sentez, matérialez la profondeur de champ dans votre composition, dans votre portrait. Testez votre instinct: notez ce qui sera net dans le portrait que vous venez de prendre, puis vérifiez sur votre écran de pc, dans votre logiciel photo préféré. Juste ou pas?
Le dernier conseil du jour? Comme souvent, l’excès nuit en tout. Faites en sorte que l’effet ne soit pas repérable au premier coup d’œil.
C’est avec ce genre de pratique que vous commencerez réellement à développer votre style, et peut-être, qui sait à avoir du succès sur votre propre blog photo, ou une galerie photo. Ou auprès de vos amis et de la famille 😉
N’hésitez pas à relire mon article sur les objectifs et la profondeur de champ.
A bientôt sur Artphotoheritage.
Serge
Publié le 17 mai 2011, dans Composition, Général, Technique, et tagué belle photo, blog photo, bokeh, Composition, conseil, débutant, galerie photo, objectif, photo, photographie, portrait. Bookmarquez ce permalien. 12 Commentaires.
Super cet effet de texture
Oui Naedgy, la gestion du bokeh permet effectivement d’ajouter de la matière, de faire varier l’importance de sa perception dans sa photo. A essayer!
et si le réel était flou?
Jean Paul, pas mal, pas mal. Parce que si on pousse plus loin, la réalité n’existe pas, nous percevons tous les choses différemment. Donc la réalité n’est pas, le vrai est faux, l’inverse aussi, donc le net est flou et réciproquement.
CQFD.
Conclusion, il est bien de se focaliser sur le flou, et vive le bokeh!
Je pense effectivement qu’il n’y a rien
mais que le réel existe
il est une sorte de rien
comme le monde, ou l’être.
a mon sens, le flou pose forcément la question
est-il dans l’image
ou plus essentiel
à bientôt
J’ajouterai une nuance entre le bokeh et le flou. Le bokeh n’a en effet rien à voir avec le flou, car le bokeh renseigne le spectateur sur le nombre de lamelles de l’objectif utilisé.
Le bokeh indique dans les « hight light » la forme de l’iris avce un pentagone, polygones ou meme forme bizarre de type triangle et bokeh parfaitement rond avec les diaphragmes de dix lamelles.
Ci dessous quelques photos pour exprimer mes dires.
Helios 40-2
A pleine ouverture .f1.5
à f 5.6
et le fameux bokeh tournant associé à cet objectif à PO
un autre type de bokeh, l’objectif à miroir catadioptrique
et enfin un pentacon 200 avec ses 15 lamelles de diaphragmes
a PO
a f 8
Maintenant je trouve aussi tres étonnant la photo de l’autruche, à F9 on devrait avoir une photo avec un arriere plan net.De plus on devrait voir la forme du diaphragme dans les feuillages.
le nom de ces objectifs car exotiques utilisant la célébre monture universelle , le m42….
A tres bientot sur ce site présentant plein de temoignages tres intérressants
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