Une photo réussie c’est quoi?
Un sujet, une composition, un traitement en Lightroom ou Photoshop, un gros coup de bol?
Je me demande régulièrement ce qui fait une bonne photo, à partir de quand elle existe. J’ai eu quelques fois l’expérience, agréable, de découvrir qu’une photo (en Raw) me semblait fade, ou inintéressante, puis, après quelques essais en Lightroom, re-cadrage, presets, quelques manettes, boum! LA photo apparaissait devant moi!
Cela peut paraître un peu théorique comme interrogation, mais… avec la facilité de l’ère digitale, la prolixité des photographes en 2011 (nous avons tous, très vite, plusieurs milliers de photos au compteur, après quelques mois), les scripts, les presets dans votre logiciel photo préféré, où les capacités de retoucher ou corriger les taches et les éléments intrus, la question de la substance même de la photo revient très souvent. Voyons de quoi il retourne.
Prenons un cas précis, une photo qui, depuis Lightroom (mon logiciel photo de « développement, vu que je photographie en RAW) ne donnait pas grand chose: une branche de lilas sur un arrière plan flou, avec des fleurs de pissenlit. Rien de très sexy.
La prévisualisation
J’imaginais un traitement couleur un peu saturé, une composition avec un point d’entrée en bas à gauche (je ne suis pas très original, je sais) et une fuite vers le haut, à droite, dans un bokeh prononcé. Mais je n’y croyais pas de trop.
La prise de vue
J’ai placé la fleur de lilas sur un tiers, en bas à gauche mais rien ne se passe vraiment… La lumière est uniforme, le contraste est mou du genoux, je ne tire pas vraiment profit des couleurs complémentaires jaune et violet. Pas de vignettage qui fermerait ma photo et garderait l’attention sur le sujet principal. Pas la bonne heure, pas la bonne lumière, pas le bon sujet?
Le traitement
En travaillant avec mon logiciel photo de développement, Lightroom, j’ai de re-cadré, pour resserrer sur la gauche, rogné sur la droite et créé une diagonale plus forte.
J’ai désaturé (au lieu du contraire comme imaginé initialement) et gonflé les teintes sombres et le noir, mis un gros contraste. Retravaillé la netteté des fleurs, éclairci les pétales, ajouté du vignettage (foncé les bords de ma photo).
Le résultat final
Je n’avais pas anticipé que le jeu des complémentaires Violet et Jaune/orange marcherait bien, et que les fleurs de pissenlit se seraient révélées aussi « justes » dans leur position (elles ferment le cadre en haut à droite) et dans leur structure (triangle droit, dans le coin supérieur).
Je n’avais pas vu le point d’entrée dans la photo en bas à gauche, avec cette petite tige verte, l’absence de feuille.
J’aime beaucoup le jeu des triangles dans cette photo: les feuilles, la diagonal HG-BD, le triangle des pissenlits, un autre avec le sommet de la fleur de pissenlit sur fond flou, …
Le bokeh est efficace, mais pas envahissant.
Les verts sont chauds, saturés, mais pas trop, le violet ne bave pas (ni les jaunes oranges), l’ensemble fonctionne très bien.
En conclusion, une photo réussie, c’est quoi?
Une photo réussie c’est… une photo qui procure du plaisir, qui crée un sentiment, agréable, ou pas, et qui laisse quelque chose, que ce soit une interrogation, un bien-être ou un malaise qui me poussera à faire ou à changer quelque chose.
Alors!?
Est-ce la conséquence d’une bonne et saine prévisualisation à la Ansell Adams,
le fruit d’une composition parfaite à la Edward Weston,
l’expression d’une pratique maîtrisée du poussage de manettes dans un logiciel photo,
ou un coup de bol extraordinaire…
L’essentiel c’est que cette belle photo existe. Point.
Quand on pense aux grands maîtres de la photo du 20ème siècle:
1. Sommes-nous vraiment différents dans notre pratique (et dans le talent 😉 OUI! Mais l’approche de Henri Cartier-Bresson et son Leica n’avait rien à voir avec Karl Blossfeld ou n’importe quel photographe travaillant à la chambre technique au début du 20ème siècle.
2. Sommes-nous différent dans la démarche? NON!
Et c’est qui importe: laisser l’opportunité à « quelque chose d’exister ». Créer, manipuler, laisser apparaître un événement que les autres n’avaient pas vu avant moi, et qu’ils auront plaisir à voir, à leur tour. La réalité n’existe pas, il n’y a qu’interprétation.
Être photographe, c’est sans doute simplement ça: se comporter comme un passeur de lumière.
P.S. Vous pouvez ne pas aimer la photo finale, ou préférer l’original. Tant que ça vous fait plaisir, je suis content.
A bientôt sur artphotoheritage!
Serge
Publié le 31 mai 2011, dans Composition, Général, Histoire, Photographe, Technique, et tagué belle photo, bokeh, Composition, conseil, contraste, flou, la photographie, logiciel photo, photo, photographe, photographie, prévisualisation. Bookmarquez ce permalien. 8 Commentaires.
C’est une très bonne question à laquelle il est difficile de répondre.
Je pense qu’une photo réussie va s’évaluer sur des critères qui peuvent varier suivant celui qui la regarde, le principal étant qu’elle parle, qu’elle suscite une certaine émotion chez la personne qui regarde, le moyen de l’obtenir importe assez peu.
pour revenir à la photo résultat de l’exemple, plus je la regarde, plus je trouve qu’il y a trop de feuille à gauche / en dessous, mais c’est très personnel comme avis.
Merci Frederic, tu aurais peut-être bien raison, je vais chipoter un peu avec Photoshop et mon fichier PSD original pour essayer un truc ou deux.
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