La photo du jour: le panneau de signalisation de votre réputation
Mes proches me demande régulièrement si je me sens bien, si vraiment, j’ai acheté tout ce matériel photo pour, en fin de compte, photographier des fleurs séchées, des culs de bouteilles ou des objets aussi anodins qu’un panneau d’affichage… C’est vrai que de se retrouver le derrière en l’air en plein été, le nez vissé sur le viseur de mon appareil photo pour essayer de capter « quelque chose » dans ce massif de pissenlits au bord de la route pourrait sous-entendre un certain trouble de l’équilibre (mental).
Il n’empêche, c’est ça aussi la photo, sortir des sentiers battus et ne pas tomber dans le piège de la facilité.
L’intention
J’avais envie de projeter un sentiment de solitude dans un objet banal, inintéressant comme peut l’être un panneau de circulation. J’avais une prévisualisation assez claire de la scène, avec l’arrière du panneau, des couleurs ou des gris saturés (encore, je sais), gros contraste et un peu de grain. Mon idée était de représenter une métaphore d’un homme perdu au milieu de nulle part. C’est pour celà que je ne voulais pas trop de détails, de couleurs reconnaissables que l’on pourrait associer à un champ, un endroit connu.
Un homme, perdu, sans moyen.
La technique
Composition « portrait », focus sur le tiers supérieur et la verticale droite pour laisser entrer le regard par la gauche, et le faire sortir par le coté HD. Règle des tiers respectée!
Lumière d’avril, 10h du matin, f/5.6 1/640sec à 125-ISO, objectif 55-250mm, 187mm. Profondeur de champ et bokeh maitrisé (j’étais à +/- 35m du sujet, les perspectives sont un peu écrasées).
Travail dans mon logiciel photo habituel: léger re-cadrage, exposition, ajout de noir, contraste, vignettage, grain, renforcement des tons foncés.
Le résultat?
Je suis moyennement satisfait par cette photo. Je trouve qu’il faut beaucoup d’explication pour qu’une histoire « se passe » et que la force d’évocation est sans doute un peu faiblarde. Mais j’ai aimé l’idée de m’être retrouvé au milieu d’un champ, un beau matin d’avril, le long d’une route national à grand trafic, essayant d’ignorer stoïquement les conducteurs de voitures et de camions qui klaxonnaient sans arrêt, se demandant sans doute ce que je faisais là, à photographier un panneau de derrière (vu de derrière, pas un panneau indiquant des derrières, nous ne les avons pas encore en Belgique).
Le conseil du jour? Restez sourd aux sirènes de la bienpensance et de la conformité. Essayez de nouvelle chose, prenez des risques, ayez l’air idiot!
Parfois une photo remettra votre réputation au bon endroit. Parfois, pas. Mais la photo ne peut pas tout non plus 😉
A bientôt sur artphotoheritage, Serge
Publié le 7 juin 2011, dans Composition, Histoire, La photo du jours, Photographe, Technique, et tagué appareil photo, bokeh, Composition, conseil, contraste, logiciel photo, matériel, objectif, photographe, photographie, portrait, règle des tiers, tiers, vignettage. Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.
Le conseil du jour est (très) bon, par contre le résultat dans le cas présent me laisse assez perplexe.
Bel essai mais pas transformé à mon avis
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