Livre photo: Analyse de « Magnum Magnum » de Brigitte Lardinois
Vous avez pu découvrir ma nouvelle page « Bibliothèque photo commentée » dans laquelle je liste les 9 premiers livres photos avec un score global.
Comme je le détaille dans cette page, le classement est fonction de 3 critères: Art, Technique et Prix.
Pourquoi ce bouquin, et pas le Ansel Adams, James Nachtwey ou Elliott Erwitt? Les plus malins me feront remarquer que Nachtwey n’était pas dans ma liste. C’est vrai, il sera dans la suivante 😉 Préparez vos mouchoirs, c’est du lourd…
Magnum Magnum
de Brigitte Lardinois
![]() |
|
![]() |
![]() |
Magnum Magnum |
10/10 | 9 | 7 | 23€ |
L’intention
L’agence Magnum Photos a été créée en 1947 par Robert Capa, Henri Cartier-Bresson, George Rodger et David Seymour. Ils sont aujourd’hui 60 photographes à travailler dans un environnement assez particulier car c’est une coopérative détenue par ses photographes, permettant une indépendance totale et donc une très grande liberté dans la démarche et le traitement des reportages.
Cet ouvrage est le résultat d’une sélection, par les photographes mêmes de l’agence, de 6 photos d’un de leur collègue préféré. On découvre ainsi une certaine continuité, depuis les années 40 et ses pionniers et les années 2000.
Des célébrités disparues, de nouveaux talents, l’intention est clairement d’exposer le fruit du travail d’une équipe de passionnés, mais vu de l’intérieur. Des pros choisissent d’autres pros.
Les modes passent les tendances s’effacent… Mais parmi les 400.000 images disponibles au téléchargement sur le site de Magnum Photos, les principes fondateurs, la « touche » Magnum est incontestable.
Mais quel est-il, ce style Magnum?
- Le moment décisif, si cher à Cartier-Bresson?
- Une approche contemporaine des sujets, dans leur lien avec l’actualité, la vie de tous les jours?
- Une démarche absolument honnête, dans la volonté de montrer l’évènement tel qu’il s’est passé?
- Un style masculin? Il y a (eu) peu de femmes parmi les coopérateurs de l’Agence.
Si on pouvait résumer, ce serait sans doute quelque chose proche de : « regarder, témoigner« .
Ce livre nous offre une série de témoignages sur les hommes, dans leurs faiblesses, le désir, l’horreur, le drame. La vie de tous les jours, ou ce moment unique où quelque chose se passe, une éruption, un débarquement, un petit garçon sur le vélo d’un parent (Steve McCurry, page 354).
Ce qui est unique, c’est d’avoir des membres de l’agence Magnum choisir de commenter le travail d’un autre photographe Magnum. Un peu comme si un grand cru classé sélectionnait 6 bonnes bouteilles dans d’autres châteaux, mais toujours en France. La crème de la crème choisie par Paul Bocuse.
Pas de clichés « cliché » mais bien la quintessence de l’esprit de la photo. Ainsi Eve Arnold qui choisit une photo d’Henri Cartier-Bresson (page 101, en haut) un peu moins connue, de femmes musulmanes qui prient dans l’Himalaya, à Srinagar.
Ainsi, David Hurn qui montre des chevaux du Cirque Knie (page 75) pour parler de René Burri.
Chaque sélection est signée et commence par un texte d’une à deux pages. Le choix est expliqué, quelques anecdotes racontées. Certains artistes réussissent mieux que d’autres cet exercice de présentation, comme Ferdinando Scianna quand il parle d’Elliott Erwitt( pages 151 à 157). Mais l’ensemble de l’ouvrage est merveilleusement réalisé, équilibré, riche d’enseignement.
Technique
C’est un livre massif, imposant de 568 pages, édité par Thames and Hudson en 2007. Réédité en 2008 et 2009.
Impression de qualité, papier épais, pas trop blanc, qui met bien chaque photo en évidence.
La couverture est souple mais protège bien le livre. Vous pourrez le montrer, le transporter sans problème.
Le résultat?
Je me suis pesé avec le livre dans mes bras. Il pèse 2,1Kg.
Et alors?
Ce sont 2.100grammes de pur bonheur, de leçons de photographie, d’art, de création, de modestie (face aux drames), d’admiration (face aux instants décisifs saisis parfois) et d’espoir car les nouveaux membres de l’agence n’ont pas à rougir face à leurs aïeux!
Je me suis pesé avec ce livre dans mes bras.
Et c’est là qu’il devrait être, ce livre. Dans vos bras.
Un must absolu!
A bientôt sur artphotoheritage, Serge.
Publié le 8 juin 2011, dans Général, Histoire, Photographe, Résumé, et tagué cliché, la photographie, Magnum Photos, photographe, photographie, reportage. Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.
Pingback: Résumé de la semaine: voir, lire, oublier… « ArtPhotoHeritage
Pingback: L’agence Magnum Photos | Doisneau et la photographie humaniste