Que ce soit en photo noir et blanc ou en photographie couleur, on ne fait jamais que gérer un flux de lumière, et peindre sur la pellicule ou le capteur. L’intensité lumineuse, la force du médium lumière est une donnée importante (je ne parle de composition encore). Le rapport entre les zones plus ou moins éclairées et leurs voisines est appelée contraste.

Différentes écoles de design se sont intéressées au contraste, dont le Bauhaus dans les années 20. Je vais reprendre différents éléments de composition et de positionnement dans cet article, avec quelques exemples, une photo de paysage, de portrait, …

Un des professeurs du Bauhaus, Johannes Itten a étudié les différents types de contraste et a produit une liste de +/- 30 éléments de contraste.

Les contrastes

Lumineux et sombre

Noir et blanc

Droit et courbe

Horizontal et vertical

Dur et doux

Lisse et rugueux

Haut et bas

Long et court

Grand et petit

Large et étroit

Lumineux et ombragé

Flou et net…

Cette liste est impressionnante car elle surprend. Si on vous avait demandé de définir quelques types de contraste, vous auriez, sans doute, cité 4 ou 5 domaines, guère plus.

On pourrait faire des familles de contraste en fonction de:

la lumière, la matière, le toucher, les grandeurs physiques (chaud, grands, vitesse, humidité, optique…), les sentiments.

Quelques exemples

La tour Chrysler à New York

Dans la photo suivante, quel(s) est le(s) type(s) de contraste mis en œuvre?

On pourrait voir: un contraste verticale/oblique (la tour et le bloc principal à gauche), sombre/clair, pointu/arrondi (le sommet de la tour et l’antenne), vertical et horizontal (les fenêtres et les lignes de métal sur le bloc à l’avant plan), brillant/mate, vivant/minéral (le photographe à l’avant-plan et les bâtiments), mobile/immobile (le bus et les tours), descendant/montant, etc…

La clé, quand on construit son image est de prendre conscience de tous ces types de contraste possibles.

Qu’apportent-ils à votre image?

La renforcent-t-ils? N’y a-t-il pas des contrastes qui poseront problèmes au message que vous vouliez partager?

Portrait de mon fils « explosé »

Mon fils avait pris un coup sur la pommette et arborait un joli coquard (un œil au beurre noir, en belge).

On pourrait voir dans cette photo de portrait: un contraste noir/blanc, clair/sombre, doux/dur, rond/ligne (horizontale des yeux), granuleux/lisse, pointu/arrondi(le menton, ou les cheveux et la peau, les joues), sérieux/comique (le coquard et son sourire contenu), descendant/montant (la diagonale HG-BD et les cheveux qui tombent).

Mon intention était de faire un clin d’œil, en jouant sur un portrait de mon fils « explosé » mais tout en restant respectueux et affectueux. Mélanger le doux et le dur.

Paysage de bouleaux dans les landes brûlées

J’ai écrit un article sur cet endroit, les fagnes belges après l’incendie dans Partir en reportage.

Dans cette photo de paysage j’ai recherché spécialement à jouer avec le contraste, sous ses différents aspects: horizontal/vertical, blanc/noir, brulé/vivant, sec/humide (la tourbe est gorgée d’eau), gauche/droite, petit/grand, dense/désert, proche/éloigné…

En conclusion

Que ce soit en portrait, en paysage, pour n’importe quel objectif, prenez la peine de soigner votre prévisualisation. Dessinez, si vous avez un petit carnet, ce que vous avez envie de capturer. Essayez d’anticiper les pièges de contraste qui pourraient ruiner vos efforts. Ce sera le conseil du jour 😉

Quelques références de livres intéressants

Michael Freeman couvre le contraste au début de son livre L’Oeil du Photographe et l’Art de la Composition et aussi dans un autre ouvrage (pour ceux qui sont intéressés par le HDR) HDR : Vers la maîtrise des contrastes extrêmes (1Cédérom).

Keith Stephenson s’intéresse à la forme dans Circles and Dots : Communicating with pattern. Edition anglaise.

A bientôt sur artphotoheritage, Serge